choisis-pour-mettre-en-musique-l-annee-1560263_jpg.jpgLes musiciens de l'harmonie montignynoise travaillent d'arrache-pied. Ici lors d'une répétition vendredi soir au centre culturel Nelson-Mandela. | HARMONIE DE MONTIGNY-EN-GOHELLE |

Ça répète dur du côté du centre culturel Nelson-Mandela. Choisie pour représenter la région lors de l'année de la France au Brésil (notre édition du 28 décembre), une bonne cinquantaine de musiciens de l'harmonie montignynoise révisent leurs gammes en attendant le grand départ. Petite visite dans les coulisses d'un exploit annoncé.

PAR PIERRE-LAURENT FLAMEN henin@info-artois.fr PHOTOS ÉMILIE DENIS

« Là, ça commence à avoir de la gueule. Allez, on la refait une dernière fois. » Olivier Degardin est un chef d'orchestre perfectionniste. On n'amène pas l'harmonie municipale d'une ville de 10 000 habitants au plus haut niveau national en traînassant de la baguette, en baguenaudant sur la partition. Et puis, il y a le Brésil qui se profile.
Le Brésil. Une aventure incroyable qui va se conter du 17 au 24 avril avec les pérégrinations d'une petite soixantaine de musiciens dans le Minas Geiras, où l'harmonie va lancer l'année de la France au Brésil, échanges entre régions minières obligent.
C'est que l'harmonie montignynoise n'a rien oublié de ses racines minières. D'ailleurs, si la tentation se faisait jour, André Étienne, 77 ans dont 65 passés à jouer du saxophone, se ferait un plaisir d'accorder les violons en rappelant ces bus qui passaient dans les corons pour ramasser les musiciens de la très prestigieuse harmonie des mines de Courrières : « J'ai fait 35 ans de fond. À l'époque, il n'y avait pas la télévision et tout ça.

On pouvait choisir entre le sport et la musique. » Pour André, ça a bien entendu été la musique. Des kilomètres et des kilomètres de défilé à son actif. Peut-être assez pour rallier le Brésil en marchant si c'était possible.
Mais voilà. André Étienne ne sera pas de l'aventure en avril prochain : « Je laisse la place à des musiciens plus beaux », rigole-t-il. Il ne sera pas le seul à, c'est le cas de le dire, rester sur le carreau. C'est d'ailleurs le seul côté sombre de cette formidable histoire brésilienne. Prenez, une harmonie de 80 musiciens dont 60 volontaires pour partir et... une cinquantaine de places disponibles. D'où un choix cornélien pour Olivier Degardin.
« Le jour où il a annoncé la liste, se souvient Pascal Kasprzak, saxophone ténor, il a parlé pendant une demi-heure. Et franchement, je n'aurais pas aimé être à sa place. » Depuis, les musiciens font tout pour réunir des fonds supplémentaires, histoire d'être plus nombreux à partir.
Un gros travail, d'autant que le rythme des répétitions s'est fortement accéléré. « Il va y avoir 30 répétitions en un mois et demi,confirme Olivier Degardin, on ne veut pas y aller pour passer pour des rigolos. » Âme de mineurs, âme de seigneurs. •